L'occasion de visiter une exposition sur l'irruption du style gothique dans la ville au début du XIIIe siècle.
En face de l'illustre cathédrale trône dans un ensemble de maisons à pignons le musée de l'œuvre Notre-Dame. Depuis le 16 octobre dernier, et jusqu'au 14 février 2016, le lieu abrite l'exposition « Strasbourg 1200-1230 – La révolution gothique » dans le cadre du Millénaire des fondations de la cathédrale. L'abondante collection présente l'arrivée fulgurante du style gothique dans un monde roman à l'aube du XIIIe siècle, époque où Strasbourg se trouve projetée sur le devant de la scène artistique. Les parties orientales du monument, victimes d'incendies successifs, devaient alors être rebâties. L'exposition met l'accent sur la construction du transept sud (le vaisseau transversal, NDLR) du monument historique, première expression du nouveau style en terre germanique. Le tout sous la direction, vers 1220, d'un maître émérite que l'on présume venu de Chartres avec quelques compagnons tailleurs de pierre. De ce travail collectif naît une osmose tangible entre architecture et sculpture.
Exit, les voûtes en berceau et leur luminosité réduite. Les nefs étroites laissent place aux arcs-boutants. Les murs se parent de vitraux multicolores. La croisée d'ogives devient la norme, l'arc brisé se généralise. Pour témoigner d'une telle effervescence artistique, le musée a regroupé, en dehors de l'impressionnante statuaire de l'église, plus de 80 œuvres de collections publiques et privées. Sculptures, orfèvreries, enluminures… Chaque pièce illustre la singularité des ateliers strasbourgeois. « On a fait venir un certain nombre d'objets de musées internationaux », précise Cécile Dupeux, la conservatrice du musée dédié à l'édifice.
Des moulages viennent compléter la sélection. L'élégant Pilier des Anges, support d'un important programme sculpté autour du thème du Jugement dernier recouvert de statues, a été reproduit à l'identique pour les besoins de l'exposition. Au total, douze figures taillées à même le grès et étagées sur trois niveaux semblent prendre vie dans des vêtements à l'antique aux plis fins et souples. « Comme il n'était pas question de le faire déposer, on a choisi de montrer des moulages de l'ensemble des sculptures », explique la commissaire. Des répliques dont dispose la galerie depuis plus d'un siècle et demi.
En revanche, l'Église et la Synagogue, « sans doute les plus belles sculptures de l'ensemble », ont bien quitté le portail du transept sud de la cathédrale pour les allées éclairées du musée. Allégories des religions chrétienne et judaïque, ces deux figures de femmes comptent parmi les plus célèbres chefs d'œuvres de l'art occidental du Moyen Âge.
Le reste du parcours réserve son lot d'agréments, des vitrages romans aux têtes d'apôtres, en passant par les sceaux. Le somptueux reliquaire de la Sainte-Croix vaut à lui seul le détour : réalisé à Trèves entre 1220 et 1228, ce coffret en métal surmonté d'une centaine de pierres précieuses polychromes est l'un des plus beaux exemples du style 1200 parvenus à maturité.
Est-il préférable de visiter Notre-Dame de Strasbourg en premier ? « Il vaut mieux venir au musée d’abord, répond Cécile Dupeux. L’idée, c’est de renvoyer les gens à la cathédrale. » Sur ces conseils, Le Point.fr a suivi Éric Salmon, responsable technique de la Fondation de l'œuvre Notre-Dame, pour une petite visite guidée du chantier du monument en rénovation. Mais gare au vertige...
Reportage de Clara Brunel et Jérôme Wysocki
(source : page facebook temple de paris)
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