C''est un trésor gothique unique en France, encore caché au public pour l'instant et qui ne se dévoile qu'au sommet d'un échafaudage vertigineux dressé dans la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers : des peintures datant du XIIIe siècle, en cours de dégagement et de restauration.
L'histoire de cette découverte exceptionnelle commence en 2012 lorsque des infiltrations d'eau sur une voûte de la cathédrale Saint-Pierre, construite à partir de 1160, nécessitent des travaux de maçonnerie. Des sondages sous l'enduit, apposé au XVIIIe siècle, sont réalisés et font entrevoir l'existence de magnifiques décors anciens.
"Une belle surprise"
"On savait par un certain nombre de sources écrites qu'il y avait des décors peints sur cette partie de la cathédrale. On avait la prémonition qu'il se passait quelque chose sous les enduits", explique Anne Embs, conservateur des monuments historiques aux affaires culturelles de la région Poitou-Charentes. "Mais ce fut une belle surprise", reconnaît-elle.
© Guillaume Souvant / AFP
"Ces sondages ont révélé que les décors recouvraient les voûtes, les nervures, les élévations et qu'ils étaient dans un état suffisamment satisfaisant pour qu'on puisse entreprendre un dégagement", précise-t-elle. Un travail de titan mais aussi d'une délicatesse extrême, car les peintres du XVIIIe siècle avaient "brossé" les peintures originelles afin que leur enduit adhère mieux au support.
Gothique rayonnant
Joyau de cette découverte : les quatre voûtes où apparaissent des thèmes de l'Ancien et du Nouveau testament, une représentation du "Christ aux Juges" côtoyant un "Couronnement de la vierge". Autour de tous les personnages, une pluie d'étoiles, soulignées "à l'époque par de la feuille d'argent", raconte Anne Embs. "On est dans la période du style gothique dit rayonnant. Au XIIIe siècle, c'est l'apogée de l'art gothique en France", explique l'historienne.
© Guillaume Souvant / AFP
Les travaux doivent durer jusqu'au printemps 2016, pour une réouverture au public fin mai. Le chantier, qui comprend également la restauration des vitraux d'époque, devrait coûter entre 700.000 et 800.000 euros, entièrement financé par l'Etat, propriétaire de la cathédrale.
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